voir la cigarette que son pouce émiette nerveusement.
— Et que comptes-tu faire avec ce calepin ? demande-t-il soudain dans un geste qui redresse sa tête.
— Je n’voudrais pas qu’il pourrisse ici.
— Faudrait pas, non.
— L’emporter avec moi, il me semble que je vole quelqu’un. Si on pouvait l’envoyer dans son pays, à lui.
— Hé ! j’ai une idée. Donne-moi le. Je le prends en croupe jusqu’à Paris, et, foi de bistro, je le délivre au premier cousin que je rencontre en partance pour ses neiges !
— Certain ?
— Je le jure.
…je suis le calepin d’un soldat inconnu. Vingt ans, je suis resté dans la poussière de l’oubli, au fond d’une malle, sous un uniforme mité qui recouvrait la visière d’un casque à pointe et deux culots d’obus. Tantôt, le jour est venu soudain éclairer ma retraite, et des mains m’ont pris et palpé. Peut-être