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les mémoires d’un soldat inconnu

qui les soutient. Et eux aussi dans leurs dos veillent des fusils dont les crosses, tout comme de notre côté, s’allongent, s’allongent pour s’appuyer aux épaules grasses des pourvoyeurs de guerre. Ces monstres et leurs sicaires veulent s’assurer le maintien de leurs énormes gains jusqu’à la fin des fins. Ils s’agrippent à la guerre si incalculablement riche de filons pour eux. Des filons toujours pleins d’or et qu’ils ramassent à pleines mains sans presque se pencher. À la pensée que la cessation de la guerre assécherait l’Eldorado, ils verdissent et leurs bajoues se fripent dans la sueur inquiète qui délaye leurs plastrons piqués de diamants. Mais la guerre va finir ; d’une manière ou d’une autre, elle va cesser et, vite, nous allons y voir ! Alors, ils vont brailler comme des veaux, en regardant de leurs yeux devenus glauques le pis flasque de leur mère-vache.

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