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les mémoires d’un soldat inconnu

— Il y a longtemps que vous êtes au front ?

— J’y ai été tout le temps.

— Vous êtes donc invulnérable ?

— L’entaille de ma joue prouve le contraire, et un premier bon coup affaiblit toujours la cuirasse.

— Je ne veux pas que vous mourriez, monsieur ; vous avez été à la tâche, vous serez à l’honneur. J’arrive de Paris et, dans la capitale, on est assuré de la victoire. L’Allemagne est acculée à la défaite. Dans les cercles diplomatiques, on ébauche rapidement les grandes lignes des traités. Un armistice est prochain. Vous qui êtes habitué ici, ne remarquez-vous pas moins d’activité autour de nous ?

Cette remarque me frappe. C’est vrai, nous sommes en pleine zone des lignes de feu, et c’est presque calme. Les canons tonnent, mais leurs coups sont distancés, comme fatigués. Seulement, je ne me méprends pas. Cette tranquillité est le pire des mauvais au-