Page:Brassard - Les Mémoires d'un soldat inconnu.pdf/178

Cette page a été validée par deux contributeurs.
172
adolphe brassard

allemand, regarde fixement l’avion français qui monte trop verticalement dans le ciel. Il le suit si avidement qu’il semble grandir davantage dans un élan qui le porte au secours de l’avion mortellement atteint et qui, après avoir essayé en vain de rétablir son vol, se dresse dans l’azur et tombe à la renverse. Il s’abat à son tour non loin de l’endroit où gît son adversaire, suivi des yeux de celui qui aurait voulu le secourir, et qui maintenant, refoulé sur lui-même, regarde l’endroit tragique d’où monte une fumée tourmentée.

— Ça été un rude de beau combat tout de même, dit-il, en rajustant son havresac. C’étaient deux as.

— Oui, et maintenant, ce sont deux morts !

Ils sont là, dans les hautes herbes saccagées, les deux grands oiseaux de métal dont le cœur était de chair.

Quelle que soit la direction que prennent les regards des Molochs de la guerre, ils sont certains de s’assouvir de