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adolphe brassard

me famille, l’échange et le retour des prisonniers. La paix ! ce serait une clameur de délivrance et un silence devant l’amas de ruines effarant.

Retourner chez soi. Je revois mon pays aux horizons magnifiques, au sol généreux. Je revois des visages connus et des yeux amis, les groupes qui discourent sous le porche des églises paroissiales, des voix, des chants familiers frappent mon oreille : c’est l’âme franche et vaillante de mon pays, jeune et sincère, qui me touche. Un désir impérieux de revoir mes plaines saines et mes montagnes robustes, de revoir mes gens, s’empare de moi. Ce n’est pas qu’un désir : c’est la nostalgie. Mon être entier se tend vers tout ce que j’ai tant aimé et qui s’épanouit toujours, près du grand fleuve, dans l’air salubre de ma province, et ce train au bruit de ferraille m’entraîne vers les chaos de la bataille. Je veux m’en aller chez nous, goûter à l’air natal, étreindre ma pa-