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adolphe brassard

lement à jour les laideurs et les bassesses qu’il recèle. Elle révèle l’homme. Nous montre à quel point il peut s’élever, à quel point il peut s’avilir. Son courage et sa valeur s’étalent tout comme sa lâcheté et ses trahisons. Sur les champs de bataille, le choc meurtrier des nations secoue les vices et les vertus de l’univers dans un même creuset : on meurt en priant, on meurt en blasphémant.

Le vice et la vertu s’accouplent forcément dans une alcôve pestilentielle. Et parce que tout exalte l’un et atrophie l’autre, ils engendreront des vicieux vigoureux et des vertueux anormaux. Et ce sera cette fleur de lit qui ira s’établir dans la société d’après-guerre. Un jour, on déposera les armes, et ce qui est né de la guerre dans les tranchées se répandra au sein des populations. Les plaies des combattants, en se refermant, gardent sous leurs cicatrices les sables empoisonnés des cratères d’obus ; dilatés par l’appât de l’or,