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adolphe brassard

débattais les débris de mitraille étalaient votre nom. J’ai appelé la mort. Je me portais aux endroits les plus exposés, mais vos balles m’épargnaient. Mes actes désespérés ont passé pour de l’héroïsme. Je fus cité à l’ordre du jour et décoré. Cette croix me torturait, et, un jour, je la déposai sur la poitrine d’un soldat dont les yeux voilés ne reflétaient pas la honte, eux. J’ai voulu vous dénoncer, mais la pensée de maman et celle des petits frères ont scellé mes lèvres prêtes à dire votre infamie. Et quand j’ai vu qu’une force plus grande que ma volonté m’empêchait de crier votre crime, j’ai essayé de l’amoindrir de mes souffrances et de mon sang. En expiation de votre misérable péché, j’ai sacrifié les aspirations de mon âme, j’ai sacrifié mon cœur et ses espoirs, j’ai sacrifié ma jeunesse et ses rêves. Pour votre rachat, demain, je me constituerai prisonnier des Huns, vos clients ; et, comme vous les servez bien, ils me donneront pleine mesure. Vous palpez leur