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de parler, non ſeulement en l’Oraiſon Dominicale, ainſi que nous la nommons pour ſon reſpect ; mais auſſi commandant à la Magdelaine, en ſainct Iean 20. de porter de ſa part ces beaux mots à ſes Freres au Diſciples. Ie monte à mon Pere & au voſtre. Oſerions-nous en vſer ainſi, iuſqu’à ce que la langue Huronne ſoit enrichie, ou l’eſprit des Hurons ouuert à d’autres langues ? nous ne ferons rien ſans conſeil.

Or à propos de ce nom de Pere, ie ne veux pas oublier la difficulté qui s’eſt auſſi rencontrée à faire dire, Noſtre Pere qui es aux Cieux, à ceux qui n’en auoient point ſur terre ; leur parler des morts qu’ils ont aymé, c’eſt les iniurier. Peu s’en fallut qu’vne femme à qui ſa mere eſtoit morte depuis peu, ne perdiſt tout à fait l’enuie de ſe faire baptiſer, ſur ce qu’on luy auoit aduancé par meſgarde, Pere & Mere honoreras.

Quant aux verbes ce qui eſt de plus remarquable en leur langue eſt ; 1. Qu’ils en ont d’autres pour ſignifier des choſes animées, & d’autres pour celles qui ſont ſans vies. 2. Qu’ils varient leurs temps en autant de façons que les Grecs ; leurs nombres auſſi, outre que la premiere perſonne tant du duel que du plurier, eſt encor double, car