Porte-toi bien, mon cher Isaac : vis content, heureux ; & garde-toi soigneusement des mauvaises maximes des peres.
De Paris, ce…
Lettre XV.
Je réponds, mon cher Monceca, à la lettre dans laquelle tu me parles des anciens docteurs nazaréens. Je ne puis qu’approuver les objections que tu fais contre certaines de leurs opinions erronées, & contraires au bien public. Mais il me paroît qu’en blâmant les défauts de ces auteurs, tu n’as point rendu justice à leurs bonnes qualités. Je conviens que la plûpart d’entr’eux ont donné souvent dans de grands travers, que la passion les a emportés trop loin, & qu’un zele outré leur a fait soutenir des sentimens directement opposés à la bonne morale. Ils étoient hommes, & comme tels, sujets à l’humanité. La haine, la superstition & les préjugés les ont écartés du bon chemin. Mais quels sont les docteurs à qui cela n’arrive pas ?