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mais encore l’animal même[1], quoique sa Machine périsse souvent en partie, et quitte ou prenne des dépouilles organiques.

78. Ces principes m’ont donné moyen d’expliquer naturellement l’union ou bien la conformité de l’âme et du corps organique. L’âme suit ses propres lois et le corps aussi les siennes[2] ; et ils se rencontrent en vertu de l’harmonie préétablie entre toutes les substances, puisqu’elles sont toutes les représentations d’un même univers[3] (Préf. ***, 6[4]. § 340, 352, 353, 358).

79. Les âmes agissent selon les lois des causes finales par appétitions, fins et moyens. Les corps agissent selon les lois des causes efficientes ou des mouvements. Et

  1. Dans l’animal, lui aussi, il y a une monade dominante dont les autres sont les instruments. Cette monade demeure mais comme, pendant le temps qu’on appelle la vie, cette monade ne dépasse pas l’état empirique où l’on n’a pas conscience de soi, elle tombe, par la mort, dans cet état de sommeil sans rêves ou de léthargie, dont il n’est pas vraisemblable qu’on se réveille, quand on n’a pas antérieurement joui de la raison et de la conscience (V. sup., p. 65).
  2. Leibnitz écrit « les siens ».
  3. L’harmonie préétablie de l’âme et du corps, c’est-à-dire du monde des simples et du monde des composés, de la réalité interne et du phénomène externe, est ainsi un cas particulier, ou plutôt une conséquence de l’harmonie des monades on substances spirituelles elles-mêmes. Le lien des deux théories se trouve dans le principe suivant lequel les composés symbolisent avec les simples. Vues du dehors, les monades présentent un aspect qui a de l’analogie avec la nature interne. Les corps imitent, à leur manière, les âmes dont ils sont les enveloppes (V. sus., p. 46 sqq).
  4. Édit. Erdm., p. 476 a.