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n’en sont que des imitations, à mesure qu’il y a de la perfection (§ 87).

49. La créature est dite agir au dehors en tant qu’elle a de la perfection, et pâtir d’une autre, en tant qu’elle est imparfaite. Ainsi l’on attribue l’action à la Monade, en tant qu’elle a des perceptions distinctes, et la passion en tant qu’elle en a de confuses (§ 32, 66, 386).

50. Et une créature est plus parfaite qu’une autre, en ce qu’on trouve en elle ce qui sert à rendre raison a priori de ce qui se passe dans l’autre[1], et c’est par là, qu’on dit, qu’elle agit sur l’autre.

51. Mais dans les substances simples ce n’est qu’une influence idéale d’une monade sur l’autre[2], qui ne peut avoir son effet que par l’intervention de Dieu, en tant que dans les idées de Dieu une monade demande avec raison, que Dieu en réglant les autres dès le commencement des choses, ait égard à elle. Car puisqu’une monade créée ne saurait avoir une influence physique sur l’intérieur de l’autre, ce n’est que par ce moyen que l’une peut avoir de la dépendance de l’autre (§ 9, 54, 63-66, 201. Abrégé object. 3).

  1. C’est-à dire que ce qui, dans l’autre, n’est aperçu que confusément, est aperçu dans celle-là d’une manière distincte. La cause et l’état sont deux perceptions ayant un même contenu, mais dont l’une présente déployé, et divers, ce que l’autre présente à l’état d’enveloppement et d’uniformité.
  2. Dans les substances composées, au contraire, c’est une influence mécanique, c’est-à-dire un déplacement de parties dans l’espace. Mais cette dernière influence est tout illusoire car l’espace, qu’elle suppose, est une conséquence, non un principe des choses. L’influence mécanique n’est qu’une représentation confuse de l’influence idéale, qui est la seule influence véritable.