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nent [112] de proche en proche à l’action réflexe, et en tant que cette évolution elle-même a pour principe la correspondance croissante de l’organisme avec le milieu où il est placé. L’adaptation aux conditions extérieures est ainsi le caractère commun de la vie de l’âme et de la vie du corps. Les lois du corps sont plus simples, celles de l’âme plus compliquées. De plus, tandis que dans le corps les changements sont à la fois simultanés et successifs, dans l’âme ils ne sont que successifs. L’âme est essentiellement constituée par la propriété de percevoir une différence ; c’est la spécification de cette propriété qui fait apparaître toutes ses facultés. Tandis que Spencer établit ainsi la légitimité du point de vue de l’observation externe en psychologie, des savants spéciaux abordent le détail des problèmes à la manière du physicien ou du naturaliste. La question est, pour eux, comme le voulait Descartes, de trouver le biais par où les choses peuvent être connues scientifiquement.

C’est en ce sens que Fechner a cherché la relation mathématique de l’excitation et de la sensation. Sa loi est rigoureusement scientifique quant à la forme, mais il est difficile de la mettre exactement d’accord avec les faits minutieusement observés, et aussi d’en déterminer sûrement la signification psychologique. Il amis directement le psychique en présence du mathématique. Il est plus prudent d’intercaler des intermédiaires. Ces intermédiaires, c’est la physiologie qui les fournit. De là la psychologie physiologique expérimentale. Selon cette discipline, l’élément psychique n’est et ne sera de longtemps encore saisi que par la conscience ; mais nous sommes en droit d’admettre qu’il correspond à un processus physiologique qui est en connexion, suivant [113]