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plus assurée que celle que l'on a eue jusqu'alors. Ainsi s'explique aussi cette particularité de son système que Newton lui a tant reprochée, l'hypothèse, considérée en certains cas comme suffisante. Rigoureux observateur du principe de moindre action, Descartes se contente, dans ses explications, de ce qui est indispensable pour la pratique. Or, à ce point de vue, pourvu que l'on puisse prédire à coup sûr le résultat, peu importe que le mécanisme de la nature soit, dans le détail, tel en tout point que l'on le conçoit. Sachant que souvent, en mathématiques, plusieurs solutions sont possibles, Descartes se contentera d'en tenir une. Il croira avoir assez fait si les causes qu'il a expliquées sont telles que tous les effets qu'elles peuvent produire se trouvent semblables à ceux que nous voyons dans le monde. Il jugera inutile de s'informer si c'est par ces causes ou par d'autres que les effets sont en réalité produits. Il croit qu'il est aussi utile pour la vie de connaître des causes ainsi imaginées, que de posséder la connaissance des vraies . Il se contente, à cet égard, d'une certitude morale .

[507] Dans le progrès de la connaissance ainsi ménagé, la morale ne peut manquer d'avoir son tour, d'autant que la racine, et le tronc sont principalement estimés pour les fruits qu'ils doivent produire,