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variété d’hommages ? Vous êtes, vous qui persécutez vos frères, plus inutiles que les fleurs de la prairie, plus fous que les bêtes inintelligentes. Vous êtes des oiseaux de proie qui effraient les autres oiseaux et qui les empêchent de chanter les louanges de Dieu. Croire en Jésus-Christ à un point de vue historique est chose aussi utile que de croire à une fable. Que de Juifs et de Turcs sont plus chrétiens que ces faux chrétiens, qui savent ce qu’a fait Jésus et qui font ce que fait le diable ! Mais, dira-t-on, nous croyons à la parole. Il faut entendre ce qu’est la vraie parole. L’Écriture est utile, mais l’Écriture n’est pas la parole, elle n’en est que la trace effacée et muette. La parole est vivante car elle porte l’esprit. Nulle formule ne peut l’embrasser, elle est infinie comme Dieu. C’est pourquoi la vraie foi est en définitive la volonté droite, librement soumise à la loi de l’esprit. Elle consiste à renouveler en soi la naissance et la vie du Christ, son baptême, ses tentations, ses souffrances et sa mort. Imiter le Christ, voilà la marque des enfants de Dieu. Le vrai chrétien n’est ainsi d’aucune secte. Il peut vivre dans une secte, il n’en dépend pas. Sa religion est intérieure et ne peut être contenue dans aucune forme.

La foi, ainsi conçue, est le commencement de la régénération. Que faut-il penser des moyens extérieurs que les Églises y ajoutent ? D’une manière générale, les œuvres, par elles-mêmes, ne sont rien ; et l’Église catholique romaine, qui leur attribue une valeur, est la