Page:Boutroux - Études d’histoire de la philosophie.djvu/269

Cette page n’a pas encore été corrigée

les parties essentielles du système du monde ? Le modèle et les instruments de la création se trouvent, sous la forme de l’éternité, dans la sagesse et dans la nature divines. La création sera la réalisation de cette sagesse et de cette nature sous la forme du temps et de la séparation. Il y a ainsi une relation des choses créées aux choses éternelles, et l’on peut dans une certaine mesure, en se plaçant au point de vue de Dieu, déduire de celles-ci la connaissance de celles-là. Cette déduction est ce qu’on appelle la philosophie de la nature, spéculation qui devait, par la suite, prendre un si grand développement en Allemagne, et dont nous trouvons des rudiments dans la théosophie de Boehme.

La construction du monde extérieur se fait d’une manière analogue à la construction du monde intérieur et divin. Dans les corps sensibles comme dans la nature éternelle, c’est la personnalité qui se cherche une manifestation : la seule différence, c’est que cette manifestation, qui s’accomplit pleinement dans la nature éternelle, demeure nécessairement incomplète dans la nature sensible. Il y aura donc dans le monde trois principes, correspondant aux trois principes divins, le feu, la lumière, et la réunion de ces deux principes dans la corporéité. Du premier et du second, sans faire appel au troisième, Dieu forme les anges, lesquels sont encore aussi voisins de la perfection divine que le comporte la condition d’être créé. Les anges sont de purs esprits. Mais ils n’existent pas par eux-mêmes, et leur corps,