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force, la force est un mouvement inconscient vers l’amour ; et l’idée elle-même, la sagesse idéale, saisie du désir de vivre, tend pour sa part à sa propre réalisation : la vierge, la compagne de Dieu, aspire à mettre au jour les merveilles divines qui sommeillent en elle. De ces éléments la magie éternelle forme le Dieu personne. La volonté s’attache par l’imagination à l’idée qu’elle se propose de réaliser ; elle la contemple, s’en éprend, brûle de s’unir à elle, la saisit et l’absorbe : elle l’absorbe pour l’engendrer en soi et la produire sous forme de réalité. De son côté l’idée est active et désire l’existence : c’est une âme qui se cherche un corps. Elle va au-devant de la volonté qui l’appelle. L’idée se réalise donc, sous l’action génératrice de l’imagination et du désir : l’esprit, par une opération tout intérieure, sans réalité corporelle préexistante, se donne une nature, une essence et un corps.

Cette réalisation de la sagesse éternelle est une œuvre complexe et merveilleuse qu’il importe de considérer dans ses détails.

Dieu l’accomplit au moyen de sept esprits organisateurs qu’il engendre en vue de ce travail. Ces esprits sont les forces qui naissent au sein de l’élément obscur, sous l’influence de l’élément lumineux, et qui ont pour mission de transformer la volonté qui dit : « non » en la volonté qui dit : « oui », de discipliner et diviniser la nature. Boehme reprend ici et adapte à son système l’antique doctrine cabalistique de sept essences naturelles,