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auguste, visible et parlant, qui édicte la loi, et par des agents qui la font observer. Le catholique est un sujet, un serviteur, un pupille. Ses fers ou, si l’on veut, ses freins, sont comme une chaîne qui est rivée si fortement du dehors à un puissant anneau - le principe d’autorité- qu’elle semble ne l’être qu’a celui-là : si cet anneau se descelle, tout le reste a chance d’être entraîné avec lui. Le protestantisme est une religion d’adhésion et de choix ; c’est une alliance directe de chaque homme avec Dieu, jurée sur un livre de vie, où même ceux qui en adorent la lettre cherchent moins une règle qu’un esprit. Si le catholique est un sujet, le protestant est un esclave, mais un esclave volontaire d’un maître qui habite en lui, qu’il a lui-même trouvé ou créé, selon les besoins de sa conscience, qui est à la fois son Dieu et la meilleure partie de son âme. La chaîne ici est comme un câble continu dont l’homme s’enlace lui-même et dont chaque tour tient