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COQUILLES. 119

Voici une coquille de la même famille, qui rappelle celle à laquelle nous devons les Onze mille vierges et qui est sans doute tirée du même tonneau :

Dom Gervaise, auteur de la Vie de l’abbé Suger, rapporte, à la page 31 du tome Ier, que, dans un acte de partage fait par les religieux de Saint-Denis, ceux-ci exigeaient, entre autres choses, qu’on leur fournît onze cents bœufs par an.

Vérification faite sur le titre original, il se trouva qu’on devait lire onze cents œufs.

La charte en question était sans nul doute écrite en latin, ce qui rend l’erreur plus difficile à comprendre : pourtant il y a à peu près la même similitude qu’en français, et de bovum à ovorum la distance est petite.

Voici maintenant une série de coquilles plus récentes. Puisse cette liste, un peu fastidieuse peut-être à cause de sa longueur, divertir pourtant le curieux qui consentira à nous suivre jusqu’au bout, un peu à l’aventure. Donnons d’abord les coquilles poétiques, c’est-à-dire celles qui s’attaquent au langage des dieux.

Qui n’a lu ces deux vers gracieux de Malherbe, dans son Ode à Duperrier sur la mort de sa fille :

Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses,
L’espace d’un matin ?

Malherbe avait d’abord écrit :

Et Rosette a vécu…