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ont passé et jouent alors à l’égard de ceux-ci le rôle de sangsues.

Salé, s. m. Travail compté sur le bordereau et qui n’est pas terminé. Le compositeur qui prend du salé se fait payer d’avance une composition qu’il n’a pas faite encore et qu’il ne comptera pas quand elle sera finie ; un metteur qui prend du salé compte des feuilles dont il a la copie ou la composition, mais qui ne sont pas mises en pages.

Le salé est, on le conçoit, interdit partout. On dit que le salé fait boire, parce qu’il n’encourage pas à travailler, et rien n’est plus juste ; en effet, le compagnon, sachant qu’il n’aura rien à toucher en achevant une composition comptée et qui lui a été payée, n’a pas de courage à la besogne. Loin d’être dans son dur, il a la flème : de là de fréquentes sorties ; de là aussi l’adage.

Sarrasin, s. m. Ouvrier qui travaille en mise-bas, et, par extension, Compositeur qui ne fait pas partie de la Société typographique. Cette expression vient sans doute de ce que les Sarrasins sont des infidèles.

Sarrasinage, s. m. Action de sarrasiner.

Sarrasiner, v. intr. Faire le sarrasin.

Scie, s. f. Mystification ; plaisanterie agaçante. N’est pas particulier au langage des typographes. || On appelait autrefois scie, dit Vinçard, ce qui sert à disposer les garnitures.

Sentinelles, s. f. pl. Lettres qui tombent d’une forme quand on la lève et qui se tiennent debout sur le marbre. || Dans un autre sens, on appelle sentinelle le verre de vin que viendra boire un peu plus tard un compagnon qui ne peut actuellement sortir. Aussitôt que cela sera possible, celui-ci relèvera la sentinelle posée et payée par son camarade.

Services, s. m. pl. Mot usité dans cette formule à peu près invariable du typo en quête de travail : Monsieur, je viens vous offrir mes services pour la casse.

Sibérie, s. f. Se dit de