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Les chevaux dressent les oreilles. Les hommes, d’instinct, baissent la tête et enflent le dos.

Des éclats de roches volent de tous côtés, puis aussitôt, dans le lointain, des coups secs : paf !… patapaf !… brrraf !…

« Il paraît, dit Michel, qu’on nous tire dessus.

— Dessus, mais trop haut, rectifie Panitza.

— Et nous saluons les premières balles, ajoute Joannès.

« Oh ! sans honte… de plus braves l’ont fait et l’avouent. »

On tiraille toujours et la position s’aggrave. D’autant plus que les assaillants se rapprochent.

« Pied à terre ! commande brièvement Joannès.

« Conduisons les chevaux par la bride et défilons-nous dans la ligne de leur corps.

— Pas bête, ça ! dit Michel en sautant agilement sur les roches.

— La manœuvre des gendarmes ! ajoute Panitza.

« Puisse-t-elle nous réussir mieux qu’à eux.

— En avant !… en avant !… » crie Joannès.

Ils pressent leur allure et par bonheur échappent jusqu’à présent aux balles. Maintenant, ceux qui les poursuivent sont à leur tour forcés de prendre le pas. Ils commencent à monter et l’accès des pentes est au moins difficile.

Poursuivis et poursuivants conservent donc leur distance.

Le groupe de Joannès arrive au pied d’un escarpement dominé par de grossières constructions. Il y a des blocs formant une sorte d’enceinte primitive, mais redoutable, et d’où émergent des toitures en chaume, brunies par les saisons.