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la terreur en macédoine

— Puisque nous ne pouvons plus être gendarmes… autant nous faire brigands… il faut bien travailler pour vivre…

— Mais nous ne sommes pas des brigands !

— C’est dommage, car tu es un rude homme, foi de Mourad, et je m’y connais…

« Et avec cela généreux !… pouvant nous tuer et nous accordant la vie sauve !… »

L’autre ajoute, d’un air convaincu :

« Essaye tout de même… prends-nous avec toi… tu seras content… nous sommes de vieux troupiers rompus à toutes les ruses, endurcis à toutes les misères…

« Par la barbe du Prophète, nous te servirons fidèlement…

« Foi de Soliman…

— Non ! votre conversion est trop récente…, plus tard, je ne dis pas non…, quand vous aurez fait vos preuves.

« Pour l’instant, allez-vous en au village de Salco, et dites :

« — Nous venons de la part de Joannès… nous attendons son retour… »

« On aura soin de vous et je verrai plus tard.

« Telle est ma volonté.

— Il sera fait comme tu l’ordonnes, et tu es notre maître. »

Docilement, les deux étranges volontaires revêtent les défroques civiles. Joannès, Michel et Panitza ramassent toutes les armes, se promettant de cacher en lieu sûr celles qui leur sont inutiles.

Puis, sabre au flanc, revolver à la sacoche, carabine en bandoulière, ceinture bardée de cartouches, ils se