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la terreur en macédoine

— Oui, quatre ans ! quatre longues années de labeur et d’études.

— Tu étais allé en France, n’est-ce pas ?

— D’abord en Russie, deux ans ; puis en France encore deux ans…

« J’avais un projet grandiose et patriotique !

« Vous connaissez la merveilleuse fertilité de notre cher pays… une terre généreuse qui produit presque sans culture.

— Oui, tu as raison ! Malheureusement nous la faisons valoir comme il y a cinq cents ans, réplique Panitza ; sans rien changer, sans rien améliorer, en laissant incultes les trois quarts des champs.

— Oui ! et malgré le labeur quotidien et l’économie la plus sévère, nous vivons malheureux.

— Surtout avec nos deux fléaux : le Turc et l’Albanais.

— Voici donc quel était mon projet, continue Joannès.

« Étudier dans les pays plus avancés que nous les procédés les meilleurs de la grande culture : assolements, engrais, machines, élevage, sciences prétendues accessoires et indispensables, comme physique et chimie ; en un mot, toute la théorie agricole et toute la pratique.

« J’ai donc travaillé dans les laboratoires, dans les écoles et dans les fermes… sachant toute la théorie, je l’ai appliquée comme simple manœuvre.

— C’est beau, cela ! s’écrient Michel et Panitza.

— C’est tout simple ; et ainsi préparé, je comptais transformer notre plaine de Kossovo d’abord… faire du vieux champ de carnage le grenier de la Macédoine… remplacer par une opulente floraison d’épis le