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la terreur en macédoine

noncé. Mais une poignante émotion étreint tous les cœurs.

Un peu pâle, Nikéa couvre d’un regard de muette adoration Joannès qui lui sourit doucement, comme pour dire :

« Va ! ne crains rien… je serai vainqueur ! »

Puis il se ramasse sur lui-même pour résister à l’attaque foudroyante qu’il pressent.

Les deux lames se sont heurtées avec d’éclatantes sonorités de métal. Puis Marko, qui semble oublier toute prudence et jouer son va-tout, se rue frénétiquement sur Joannès.

Cette attaque de Marko est tellement furieuse que les sabres s’engagent jusqu’à la garde ! Et les deux hommes, un moment, se trouvent face à face, les yeux flambants de haine, à se toucher.

« Ah ! tu reculeras bien ! gronde Marko.

— Oui, répond ironiquement Joannès, mais pour mieux sauter ! »

Il bondit en arrière et son bras se détend, projetant, avec la vitesse de la pensée, la pointe au visage du pacha.

Marko pousse un hurlement épouvantable et recule en portant la main à ses yeux… et cette main se couvre de sang !

Il se trouve entièrement à découvert, et Joannès pourrait facilement le tuer. Le jeune homme ramène simplement la poignée de son sabre en prime, à la hauteur du front, et crie, pour la seconde fois :

« En garde, Marko !

— Ah ! démon ! » rugit le Brigand en démasquant ses yeux.

Sous la paupière droite, tailladée par le sabre, il