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la terreur en macédoine

se sentant pris, il se débat furieusement, veut donner l’alarme, crier à l’aide…

C’est à peine si un râle étouffé sort de sa gorge. Joannès vient d’imprimer une rude secousse à la corde, et Marko, les yeux exorbités, tirant la langue, se trouve pendu.

Le lucerdal a entendu le rauque soupir de son maître qu’il suivait dans les talons. Arrivé au bord de l’ouverture, il regarde avant de s’élancer. Mais ses yeux de félin, aveuglés par le grand jour, n’aperçoivent rien. Il s’arrête un moment, pétrissant de ses griffes l’arête de granit et grondant sourdement.

Doucement, sans bruit, sans faux mouvement, Démètre lui passe au col l’autre nœud coulant, et tire de toute sa force.

Le léopard, qui bondissait juste à ce moment, demeure pendu comme son maître. Mais chez ce féroce animal d’une vitalité prodigieuse, la strangulation est plus longue que chez l’homme. Il rugit de façon terrible, claque des dents, gigote et soubresaute à croire qu’il va entraîner Démètre.

« Tiens bon ! Démètre !… tiens bon ! crie Joannès…

« Et vous, frères, les bombes !… vite ! les bombes ! »

Ne pouvant maîtriser le léopard, l’homme le laisse pendre au-dessus du précipice, et tranquillement amarre l’autre bout de la corde à une pointe de roc.

Du conduit souterrain jaillissent des cris, des imprécations, des froissements d’armes.

Ces bandits réellement intrépides professent pour la mort le mépris le plus absolu. Ils vont attaquer, à tous risques…

Ils n’en ont pas le temps !

Au cri de Joannès, les Patriotes retirent de leur sac