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la terreur en macédoine

Toujours comme l’année précédente, le demi-cercle mouvant des soldats se resserre de façon à pousser les fugitifs sur cette pente abrupte qui conduit à l’aire de Marko.

« Et quand nous serons là-haut ? » dit à Nikéa Joaunès en montrant la forteresse.

La jeune femme, que la rude ascension n’essouffle même pas, souriant doucement d’un air un peu énigmatique, répond :

« Il faut espérer !

— Sur quoi ?… chère âme !… sur nous… sur nos bons fusils… Tenter une résistance désespérée… nous mettre à l’affût derrière chaque pointe de roc… massacrer en détail ces bandits !…

— Ils sont bien nombreux, et nos munitions seront vite épuisées.

— Alors, qu’espères-tu ?

« Ah ! si nous avions de hautes murailles… un solide abri… Si nous pouvions seulement pénétrer dans cette forteresse maudite… Oh ! oui, maudite et imprenable !

— Et pourquoi pas ?

Tout en échangeant ces paroles, ils grimpent vivement le chemin de casse-cou, suivis de leurs compagnons. La distance entre eux et l’ennemi a plutôt augmenté. Mais cela n’inquiète guère Marko, qui jubile et murmure :

« Il faudra bien qu’ils s’arrêtent devant la porte de fer… et alors, nous rirons de bon cœur ! »

Et Joannès ajoute, répondant à Nikéa :

« Tu sais bien, pourtant, que le brigand a encore fortifié son repaire… Tiens ! vois… regarde, maintenant que nous approchons.