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la terreur en macédoine

s’enfuient avec des cris d’épouvante. Le bétail affolé détale, poursuivi par des soldats vêtus de rouge…

« Les Albanais !… encore ces bandits, gronde Joannès en serrant les poings… Oh ! finissons-en ! »

C’est une razzia de moutons, de porcs et de vaches, sans doute pour l’alimentation des troupes mobilisées. Les soldats hurlent, il y a un pêle-mêle affreux de gens, de bêtes, de débris… le sang commence à couler… les maisons commencent à flamber…

Les ordres de Marko s’exécutent : l’incendie, le pillage, l’assassinat.

Les Patriotes se groupent pour écouter Joannès.

« Baïonnette au canon… à l’arme blanche… pas un coup de feu !… massacrons tout… et puis, à cheval !

« Vous êtes prêts ?…

— Nous sommes prêts !

— Eh bien ! en avant ! »

Ils s’avancent jusqu’à l’extrême limite du couvert, et sans un mot, sans un cri, s’élancent. Les quatre hommes qui gardent les chevaux n’ont pas le temps d’ébaucher un mouvement, de proférer un appel. Quatre coups de baïonnette, et les bandits sont cloués au sol comme des bêtes malfaisantes !

Les pillards aperçoivent les Patriotes qui arrivent en tempête. Trompés par leur coiffure et leur armement, ils les prennent pour des fantassins réguliers. Du reste, qui donc irait soupçonner la présence d’un peloton de vingt rebelles au milieu d’une division turque ?

Joannès se trouve en face d’un géant qui lève son sabre sur un pauvre vieux à cheveux blancs. Les deux bras du jeune chef se détendent comme un res-