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la terreur en macédoine

merveilleux des événements. D’abord il en a profité pour décupler l’impôt et faire suer à la région tout ce qu’elle possédait. Or, argent, produits de la terre ou de l’industrie locale, il a tout extrait des réserves les plus secrètes. Imaginez une cuvée de raisin sous le pressoir !

Et, tout en satisfaisant sa légendaire rapacité, il a partout institué le règne de la terreur. Puis, après avoir ruiné les paysans, il a eu la joie sauvage de les massacrer. Et plus que jamais, ces nouvelles tueries lui ont procuré les faveurs et les richesses.

Et c’est ainsi que ce prince d’opérette et de mélodrame, ce bey famélique, vrai chevalier de grandes routes, et, pour tout dire, ce bandit rapace et féroce est devenu un des plus hauts dignitaires d’un grand empire.

Aussi, Marko le Brigand, métamorphosé en Marko-Pacha, avec le titre d’Excellence, trouve que cela va très bien et que tout est pour le mieux dans le meilleur des vilayets.

Mais à une condition, c’est que la révolte n’aille pas plus loin, ne fasse pas de proche en proche la tache d’huile, ou plutôt, la tache de sang. Et voilà que tout à coup cette révolte menace de devenir une révolution ! Ces soulèvements locaux, qui servaient de prétexte à d’énormes déploiements de forces militaires, à d’abominables extorsions, à d’effroyables massacres, ces émeutes de villages se généralisent, ces petits foyers gagnent, s’étendent, se réunissent et vont former un immense incendie.

Les patriotes ne se contentent plus de résister passivement, de faire quelques rapides randonnées pour inquiéter les postes, ils osent attaquer face à face,