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la terreur en macédoine

Il tourne ainsi le dos à Marko qui, les voyant enlacés, frappe de toute sa force !

Le poignard disparaît jusqu’à la garde et traverse du même coup les deux poitrines !…

Deux cris étouffés… deux râles et dans la dernière étreinte des deux bras qui se resserrent, un dernier baiser unit leurs lèvres mourantes !

Marko laisse le kandjar dans la plaie et s’écrie :

« Puisque vous refusez la vie… soyez unis dans la mort ! »

Et lentement, lentement, les deux corps fléchissent, puis tombent sur l’herbe, toujours unis par les bras crispés et par ce poignard qui traverse les deux cœurs.

Marko détache son grand manteau de pourpre, enveloppe les cadavres et dit aux deux prisonniers muets d’horreur :

« Prenez un brancard, couchez-y ces corps tels qu’ils sont et portez-les à Joannès.

« Vous lui direz simplement :

« — Voici la réponse de Marko ! »

« Allez et faites vite ! «

Marko est obéi sur l’heure. Les deux hommes exécutent en toute hâte leur funèbre besogne et retournent vers la montagne. Et le brigand, les, voyant disparaître avec leur lugubre fardeau, ricane en disant :

« Je voudrais bien voir la figure que fera Joannès en recevant ma réponse !

« Eh ! pardieu ! il ordonnera de massacrer tous les prisonniers… À sa place et comme représailles, je n’y manquerais pas ! »


… Les heures s’écoulent pendant que les troupes disponibles travaillent à réparer le désastre. Ces