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la terreur en macédoine

— J’ajouterai volontiers cent mille livres pour atténuer ces regrets et vous permettre une existence opulente… »

Michel l’interrompt avec fermeté :

« Penses-tu, en ton âme et conscience, que nous pourrions enseigner à nos enfants l’amour de cette chose magnifique et sacrée : la Patrie… si nous l’avions livrée à ses plus mortels ennemis ?

— La Patrie ?… mais elle est aussi de notre côté… nous l’aimons autant que toi, mais nous la concevons autrement…

« Viens donc avec nous où tu seras riche, heureux, comblé d’honneurs…

— Les vieillards nous maudiraient… les hommes nous cracheraient à la face… les enfants nous jetteraient des pierres… notre nom serait maudit et notre descendance déshonorée…

— Si ton âme est si pusillanime, change de pays.

— Notre âme ignore la peur et je te le prouve.

« Elle est macédonienne et chrétienne… et nous devons rester là où nos pères ont aimé, vécu, souffert !

« Nous ne quitterons pas notre pays.

— Ainsi, tu préfères la mort à cette… complaisance qui se borne à quelques simples renseignements que je veux te payer largement…

— Oui ! je préfère la mort à cette chose monstrueuse, impie, sacrilège, qui s’appelle la trahison !

— Des mots, tout cela, encore une fois !

— Oui ! des mots qui font l’honneur des hommes et la vie des peuples…

— Et toi, cousine, refuses-tu cette fortune que je t’offre aussi… cet or… ce monceau d’or qui vous procurera la vie facile, le luxe, le bonheur ? »