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la terreur en macédoine

femme sans doute. Il croit reconnaître Nikéa et se dit, frémissant de colère :

« C’est lui Joannès, et c’est elle qui l’accompagne. »

Il se jette, en hurlant, à travers les gens aux prises, cogne au hasard, pour se frayer l’accès vers cet homme et cette femme..

« Place ! mille tonnerres !… place !… »

Cet élan de taureau en furie est brisé par l’acharnement des siens eux-mêmes. Ils ne voient plus, n’entendent plus et ne songent qu’à venger leurs frères broyés par les bombes.

Et Marko, en désespoir de cause, s’écrie :

« Mille livres à ceux qui prendront l’homme et la femme ! »

Mille livres ! c’est une somme et ce chiffre court de bouche en bouche.

Les plus robustes et les plus vaillants s’élancent, fascinés par ce chiffre énorme qui décuple à la fois leur vigueur et leur convoitise.

Marko les voit rouler comme une trombe, traverser la mêlée au nombre d’environ cinquante, opérer un mouvement tournant et isoler complètement le petit groupe, avec cinq ou six combattants. Ces braves se défendent avec un héroïsme superbe. La lutte est courte et poignante. Les patriotes, enserrés, sont massacrés. L’homme et la femme, déloquetés, sanglants, tombent, terrassés, après avoir fait payer cher cette défaite !

« Enfin, je les tiens ! gronde Marko radieux.

« Ah ! sang Dieu !… nous allons rire… »

Quelques coups de sifflet vibrent encore. Puis quelques coups de feu isolés, deux ou trois éclats de