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la terreur en macédoine

Il n’a qu’à frapper avec cette lame indestructible qui voltige au bout d’un bras d’athlète.

Joannès, au contraire, s’est un peu ramassé sur lui-même, la main haute, en prime. Ce n’est pas la garde du sabre, ce n’est pas non plus tout à fait la garde de l’épée. La pointe est beaucoup plus relevée.

C’est une sorte de garde mixte qui lui permet de parer les coups de taille et d’attaquer ou de riposter par la pointe. Mais elle exige un poignet de fer, une agilité sans égale et une science approfondie des deux escrimes.

Son sabre est complètement droit. À la fois souple et résistant, bien équilibré, solide et léger, piquant comme une aiguille et coupant comme un rasoir, il est pourvu de la garde à sept branches qui enveloppe si bien la main. Pour tout dire, c’est l’arme admirable à laquelle a donné son nom le colonel Derué, le magnifique escrimeur français.

Sabreur de haute fantaisie, Marko aime à faire sauter une tête. Son habileté légendaire fait l’envie des bourreaux de profession. On ne compte plus les gens qu’il a décapités, d’un seul coup, avec sa virtuosité abominable.

Il met une sorte de coquetterie à opérer avec une vitesse foudroyante, et il possède un coup infaillible pour faire, comme il le dit cyniquement : deux morceaux d’un homme en vie ! On n’a pas oublié comment, à cheval, sur le front des troupes, il enleva et fit jaillir à dix pas la tête d’un général qui se défendait avec l’énergie du désespoir !

Un éclair d’acier enveloppe Joannès. La lame du cimeterre, qui siffle et flamboie, s’abat au ras de ses épaules.