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la terreur en macédoine

Pendant que Rislog maintient l’extrémité du fil passant sous le rail en contact avec la cartouche, Joannès déroule la partie qui se trouve sur la bobine et la couche dans le sillon.

Il rabat ensuite sur le fil la terre déplacée, tasse fortement et ajoute brièvement :

« C’est fait. »

Cette petite tranchée ainsi remblayée peut avoir trois mètres de long. Elle isole parfaitement le fil sous terre et le met à l’abri de tout contact extérieur.

Les deux amis retournent lentement, pas à pas, au lit de la rivière où les attendent leurs camarades. Joannès tient toujours la bobine et déroule, au fur et à mesure, le fil de cuivre entouré de soie.

L’embuscade est à cent mètres. Ils l’atteignent, se couchent à leur place et Rislog dit à voix basse :

« Faut-il mettre le fil en contact avec la pile ?

— Tout à l’heure ! quand nous entendrons rouler le train.

— Ainsi, ajoute l’électricien, tu es assuré de l’explosion par influence malgré la distance qui sépare ces cartouches ?

— Absolument ! Tu sais que l’explosion d’une substance se transmet par influence, dans la proportion de cent grammes pour soixante-dix centimètres.

— Je croyais seulement trente centimètres.

— Sur un sol mou et friable, oui.

« Mais sur une place nue, lisse, résistante, elle atteint plus de soixante-dix centimètres.

« Or, nos cartouches sont chargées à deux cents grammes… je suis donc certain que l’explosion se propagera de mètre en mètre, étant donné que les traverses offrent ces conditions dernières.