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la terreur en macédoine

touche et la dépose simplement sur une traverse, à la base dû rail et en dedans de la voie.

Rislog ramasse deux poignées de sable, en recouvre la cartouche et dit à voix basse :

« Une sur chaque traverse, n’est-ce pas ?

— Oui, et faisons vite !

— C’est que les traverses me semblent bien éloignées.

— Tu crains pour le succès de l’explosion de proche en proche par influence ?

— Je l’avoue.

— Les traverses ne sont qu’à un mètre… va toujours, je réponds de tout. »

Courbé sur la voie, Joannès dépose une seconde, puis une troisième cartouche, que son camarade, au fur et à mesure, saupoudre d’un peu de sable.

Il continue ainsi de traverse en traverse. À la dixième, il se relève et dit :

« C’est assez ! Maintenant, amorce et ajuste le fil. »

Avec un poinçon, Rislog perce la feuille d’étain servant d’enveloppe à cette cartouche, et insère dans la dynamite le détonateur électrique. Cela fait, il tire de son sac une bobine sur laquelle est enroulé un mince fil de cuivre entouré de soie.

Il gratte avec ses doigts la terre sous le rail et fait un petit trou comme l’ouverture d’un terrier de lapin. De dehors en dedans de la voie il y fait passer le bout du fil et le met en contact avec le détonateur.

Tout cela n’a pas duré dix minutes !

De son côté, Joannès ne reste pas inactif. Du bout de son gros soulier ferré, il creuse dans le sol meuble et friable un sillon profond, perpendiculairement à la voie.