Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ésite une seconde, barre l’entrée, puis allonge vivement les bras pour jeter sa carabine à l’épaule.

Joannès lève de nouveau sa faux.

Dans l’intérieur, on entend les cris étouffés de Nikéa qui se débat sous le manteau dont les plis l’emprisonnent.

« Père !… à moi !… Joannès !… au secours !… Dieu tout-puissant… ne m’abandonnez pas… aux mains de ce brigand… à moi !… mon père… à moi ! mon époux…

« Oh ! je meurs… je meurs… Joannès !… »

Le vieillard reprend lentement connaissance. Il essaye de se relever, glisse, retombe et se cramponne désespérément aux jambes de Marko. Criblé de coups de pied par le bandit qui veut se dégager, le pauvre vieux use ses dernières forces et ne veut pas lâcher prise. Il balbutie d’une voix bredouillante qui s’indigne :

« Il vaut mieux mourir… Ah ! si j’étais jeune… si je pouvais tenir une arme… Le ciel ne nous enverra donc pas un vengeur !… Nous avons été lâches !… lâches !… lâches !… Mais défendez-vous donc, vous les jeunes !… »

Pendant ce temps, les apôtres furieux, ivres, désemparés vocifèrent, s’agitent, ne sachant plus où porter leurs coups.

Ah ! si les autres voulaient et savaient mettre à profit ce moment, de désarroi ! Moment bien court, d’ailleurs, et qui ne dure pas plus d’une minute.

Pour la seconde fois, la faux de Joannès retombe, avec son effroyable bruit de couperet. L’homme qui brandit la carabine pousse un hurlement de bête suppliciée. Sa main droite qui étreint l’arme à la couche est