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la terreur en macédoine

Hachant le cadre de bois, pulvérisant les angles de l’ouverture et criblant la façade, la grêle de balles passe inoffensive.

Les soldats, tout désappointés, grognent, jurent et vivement rechargent leurs fusils.

Un éclat de rire d’une ironie cinglante, vraiment terrible en pareil moment, couvre tous ces bruits et de la fenêtre désemparée tombe une boule de métal, grosse comme les deux poings. Une terreur folle envahit la troupe. Des cris d’effroi succèdent aux menaces, aux injures, aux arrogances.

« La bombe !… la bombe !… sauve qui peut ! »

Se sauver !… où ?… par quelle voie ?…

Pas d’issue !… des murailles… une porte close… une grille inaccessible.

La bombe fuse un moment et soudain éclate, avec son nuage de fumée, son bruit de canon. Projetée par une force irrésistible, l’averse de mitraille se répand de tous côtés, dévastatrice, mortelle.

Atteint par un éclat de fonte au milieu de la tempe, le capitaine oscille, étend les bras, lâche son sabre et s’abat raide mort.

Autour de lui, trois soldats tombent en hurlant, pendant que les autres s’agitent, se croisent, tourbillonnent, effarés, comme une volée de moineaux dans une cage.

Une deuxième bombe décrit une courbe rapide et roule en fusant. Puis une troisième et aussitôt une quatrième !

Les trois détonations se succèdent coup pour coup, avec un fracas épouvantable qui se répercute à travers les montagnes et glace d’effroi les habitants d’Egri-Palanka.