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la terreur en macédoine

« Avec ses doubles fonds, ses cachettes, ses souterrains, elle est comme la citadelle avancée de notre révolution.

— Je partage tes regrets. Mais à la guerre il faut savoir faire de cruels sacrifices…

« Ensuite, nous ne devons pas oublier les termes de la dépêche de Marko au colonel Ali : « L’usine est suspecte… » Les Turcs voudront s’en emparer… y établir garnison… alors, tout serait perdu… nos armes, nos munitions, nos bombes, la provision de dynamite.

— Tu as raison !… de tout point raison.

— Alors, j’y vais ! s’écrie avec une sorte de joie gamine Andréino.

— Où cela ?

— Faire toilette et me débarbouiller !

« C’est la bataille !… je puis être tué… du moins, je veux être propre.

— J’y vais aussi, renchérit Timoche.

« Ces haillons et cette crasse me pèsent… des centaines de livres.

— Faut-il prévenir les frères ? demande Rislog.

— Inutile ! nous ferons la besogne à nous trois.

« Allons !… vite à la toilette… dix minutes…

— Parfait ! Moi, pendant ce temps, je continue ma correspondance avec Marko. »

Et ces étranges combattants, qui parlent avec tant de désinvolture d’anéantir une trentaine d’ennemis, quittent le télégraphe clandestin et vont s’enfermer au premier étage.

Vingt minutes s’écoulent. Dans l’usine, le travail continue, obstiné, indifférent aussi.

Des coups sourds ébranlent la porte massive. Au