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la terreur en macédoine

Sans répondre à cette cordiale bienvenue, sans même serrer les mains qui se tendent, il s’écrie d’une voix brève et sèche :

« Alerte ! pas une seconde à perdre… On nous poursuit… je le sens… le damné capitaine soupçonne quelque chose… »

Ces quelques mots coupent net l’enthousiasme. Les hommes se ruent vers les baudets qui attendent tranquillement. Les paniers, très lourds, sont enlevés des bâts et le contenu chaviré sans façon, à même le sol en terre battue. Les pauvres roses cahotées, pressurées pendant cette course enragée, ressemblent à de la salade confite. Mais ces étranges distillateurs semblent bien vraiment se préoccuper de l’huile au suave parfum !

Chaque panier, sous les corolles empilées, renferme deux jolis mousquetons et des cartouches !

De nouveaux cris retentissent.

« Bravo !… des mannlichers… et de petit calibre…

— Des joujoux… ça n’a pas un mètre et ça porte… ?

— À plus de cinq cents mètres ! répond gravement Timoche.

— Et il y en a ?…

— Deux par panier.

— Alors, quatre par baudet !…

— Oui, et cela fait cent vingt armes admirables… d’une portée, d’une précision, d’une pénétration inouïes !

— Et court !… et portatif !… et léger !…

— Avec autant de baïonnettes !

— Et des cartouches ?… hein, combien, dis ?…

— Deux cents par carabine !

— Mais c’est énorme !…