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la terreur en macédoine

La route de Macédoine est libre. Timoche fait entendre un léger sifflement des lèvres, bien compris des baudets. La conductrice, aussitôt calmée, allonge le pas, et la caravane se met à descendre, de bonne allure, la route en pente très raide.

Elle parcourt environ un kilomètre. Alors le jeune homme désigné par les Turcs sous le nom d’Andréino s’approche du vieux et, sans tourner la tête, l’interroge du regard.

L’autre, que l’on pourrait croire muet, répond d’une voix toute basse, comme s’il craignait d’invisibles oreilles :

« Elles sont mal enveloppées !… il y en a qui se sont touchées quand ce butor a cravaché Fatime…

« Nous étions perdus… si je n’avais pas songé à l’or !…

« À présent, vite !… vite !…. pressons le pas !… l’éveil est donné… qui sait si nous n’allons pas être poursuivis… »

Sans attendre la réponse de son compagnon, il pousse un nouveau coup de sifflet, mais plus strident, plus prolongé. Puis il s’élance au pas gymnastique, allure qui semble incompatible avec son âge, son apathie, sa lourdeur :

Fatime, l’ânesse blanche, prend le trot, les baudets suivent et le convoi détale. On ne paraît guère songer aux roses qui sont plutôt malmenées pas plus qu’à éviter certains bruits de ferrailles qui s’élèvent, et se multiplient, de-ci, de-là, sur toute la file.

On parcourt ainsi environ cinq kilomètres. Il faut reprendre le pas et souffler un peu. Ces deux balourds ont en vérité des poumons de bronze !

Egri-Palanka n’est plus qu’à une lieue. Tout péril