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la terreur en macédoine

En tête, Nikéa avec Hélène portant le bébé. Puis Michel, le bras en écharpe et quelques éclopés traînant la jambe… puis, les valides et, le dernier, Joannès…

Tel un commandant de navire en perdition qui évacue le dernier son bord !

« En avant… marche ! »

Le temps presse ! Chacun sent de nouveaux et plus terribles dangers. Les deux jeunes femmes allongent le pas… la colonne suit vivement, dans la tranchée d’argile rouge noircie par la fumée.

On arrive en trente secondes au fond de la grotte, où l’on circule comme en plein jour.

Les cris de joie et d’admiration échappent aux fugitifs. Les effets de la nitroglycérine sont vraiment formidables et jamais on n’eût osé espérer une telle puissance de destruction.

Sur un espace d’environ trois mètres, le granit est absolument pulvérisé. Dans la muraille qui bloquait les patriotes, s’ouvre une brèche large comme une porte cochère et par où pénètre à flots le grand soleil !

En face, un pays de rêve, sous l’azur profond du firmament. De grands arbres, des prairies lointaines, l’espace infini… et tout près, à les toucher, des maisons montagnardes… une jolie ville en amphithéâtre, dont les toits rutilent, superposés au milieu des feuillages fauves de l’automne.

Cette terre promise, c’est la Bulgarie !

Une sorte de rugissement jaillit de toutes les poitrines.

« Vive la Macédoine !… vive la Liberté !…

« À nous, frères Bulgares !… à l’aide !… à l’aide ! »

Les fugitifs débouchent enfin sur une sorte d’es-