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la terreur en macédoine

Joannès les fait mettre dans un vase et ajoute :

« Faites fondre. Et quand le plomb sera liquide, agitez-le avec des cuillères, des baïonnettes, des baguettes de fusil… »

Au contact répété de l’air, se forme une pellicule terne, fripée, qui recouvre le métal en fusion et s’épaissit peu à peu. C’est l’oxyde de plomb.

Pendant ce temps, d’autres travailleurs grattent les roches formant la voûte de la caverne et recueillent le salpêtre qui les tapisse. Il y en a de grandes quantités.

Et Joannès pensif murmure :

« Je vais tenter l’impossible !…

« Pourquoi tout à l’heure ai-je pensé à Raymond Lulle… cet alchimiste étrange et génial… pourquoi ce souvenir a-t-il évoqué en moi cette histoire de la chimie écoutée distraitement et dont j’ai seulement retenu ce fait… Raymond Lulle, en l’an 1300, trouva l’acide nitrique en distillant un mélange d’argile et de salpêtre…

« Il me faut de l’acide nitrique… je possède en quantité du salpêtre et de l’argile… je vais essayer le procédé bizarre, empirique dû vieux savant espagnol… Si je ne réussis pas, nous sommes perdus !

« Mais, avant tout, il me faut de la glycérine, chose assez facile, d’ailleurs, à obtenir. »

C’est alors que Joannès adresse à Michel, interdit par ces opérations si diverses et si originales, cette question inattendue :

« Sais-tu ce que c’est que la dynamite ? »

… Certes, la fabrication de la nitroglycérine est aisée, quand on possède les éléments de cette fabrication.