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la terreur en macédoine

saurais l’imaginer… Nous sommes ici cent personnes… Eh bien ! c’est tout au plus si nous possédons pour quatre jours de vivres.

« Et il y a parmi nous des blessés, avec deux femmes et un enfant !

— Mais, alors… nous sommes perdus… condamnés au supplice atroce de la faim… à la mort d’inanition…

« Oh ! je n’ai pas d’illusions ! À moins d’avoir des ailes, il est impossible de franchir les murailles à pic et le précipice qui nous entourent.

« Cependant, le magasin devrait être plein… archi-plein de provisions !

— Elles doivent être en route, mais ne sont pas encore arrivées.

« Songe que nous avons été surpris en pleine organisation et en pleine croisade, comme d’un coup de foudre, par cet abominable massacre de Koumanova. »

— Alors que faire ?

— Montrer jusqu’au dernier moment un calme inaltérable… cacher à nos frères l’horrible détresse et aviser…

— Aviser… à quoi ?

— À faire l’impossible !… plus que l’impossible.

« En attendant, allons dormir… je suis édifié ! »

Tous deux rejoignent leurs compagnons et se laissent tomber sur l’herbe sèche. Un lourd sommeil les envahit.

À l’aube naissante, des coups de feu éclatent et se répercutent comme des éclats de foudre.

Les Turcs ont des munitions à gaspiller. Ils s’amusent à tirailler sur les embrasures de la redoute. La petite garnison assiégée s’éveille, mais ne répond pas, et pour cause ! Néanmoins l’ennemi, toujours