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la terreur en macédoine

— Mais c’est une infamie… Et qui ?… pourquoi ?… un vol ?…

— Non ! pas un vol… Là poudre de guerre se vend trop bon marché pour qu’une vulgaire filouterie soit lucrative.

— Alors une trahison ?

— Oui, une trahison abominable pour nous jeter désarmés devant les brigands de l’armée turque… pour nous faire anéantir sans défense et tuer avec nous la révolution libératrice.

— Qui a vendu ces munitions ?

— Une maison de Salonique… une maison sûre.

« Mais qui peut répondre des employés, des intermédiaires…

« Tu ne saurais soupçonner l’organisation merveilleuse de l’espionnage turc, l’habileté diabolique de son personnel.

— Quoi qu’il en soit, c’est un désastre !

« Privés de munitions, nous avons dû anéantir le pont qui nous avait coûté un mois d’efforts !

« À présent, nous sommes isolés du reste du monde… sans communication possible avec nos frères de Macédoine ou de Bulgarie.

— Oui, sans doute ! mais nous avons d’abondantes provisions et nous pourrons chercher à loisir les moyens d’évasion.

« Car nous sommes de vrais prisonniers… d’abord, des Turcs qui nous bloquent… des montagnes et des précipices qui nous protègent, et de nous-mêmes qui nous sommes enfermés ici.

— Michel ! interrompt gravement Joannès.

— Frère ?

— La situation est plus épouvantable que tu ne