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la terreur en macédoine

fer qui dompte la souffrance et infuse à l’organisme une ardeur exaspérée. Cela dure des heures, et la courbature survient.

Le pope Athanase porte l’enfant. Il dodeline la mignonne créature qui se cramponne à son cou, fourrage à poignée dans sa barbe et somnole au rythme cadencé de la marche infatigable du bon athlète.

Hélène, épuisée, n’en peut plus.

« Prends mon bras ! lui dit doucement Michel.

— Mais tu es toi-même fatigué, répond la jeune fille.

— Tu plaisantes !… allons, prends vite… je serai si heureux de pouvoir t’aider. »

Déjà Nikéa s’est appuyée sur l’épaule de Joannès.

« Halte ! » commande le pope.

Par un prodige d’endurance et de volonté, on atteint Mousdividje. La route monte toujours. On aperçoit dans le lointain d’épaisses colonnes de fumée. Mokrès et Starchin sont en feu !

« Oh, les bandits ! gronde Joannès… je les sens acharnés à notre poursuite, comme des loups !

— Oui, répond le pope, il y a du Marko là-dessous.

« Toujours l’incendie et le massacre !… Oh ! la revanche !…

Exaspérés, les patriotes brandissent leurs armes et poussent des cris de fureur. Il en est qui proposent de retourner en arrière, d’attaquer coûte que coûte, même au péril de leur vie. Mais ce serait folie. Ils n’ont plus que dix cartouches par fusil !…

« En retraite !… en retraite ! » crie Joannès en montrant les escarpements qui conduisent à la frontière.