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la terreur en macédoine

Il songe :

« Ali doit être bientôt à Lopat… il va chercher… fouiller partout… fusiller… massacrer…

« Il fera de bonne besogne… c’est un homme sûr… et pourtant, ce n’est pas moi… Oh ! si j’étais là !… Ce Joannès est fin comme un renard… un adversaire digne de moi…

« Ah ! oui… si j’étais là !

« Et pourquoi pas ? je veux aller là-bas… j’y cours… il le faut… c’est plus fort que ma volonté… oui, quelque chose d’irrésistible me pousse !…

Il descend du palais et commande :

« Un cheval pour moi !… quatre hommes d’escorte. »

Marko part ventre à terre avec un peloton de zaptiés. Il arrive au chemin de fer. Il court au dépôt des locomotives.

« Vite !… une machine en pression… un fourgon pour les bêtes… une voiture pour les hommes. »

On arrose le charbon avec du pétrole. Bientôt, sous l’ardente flamme, la vapeur jaillit dans les conduits, siffle, fuse en blancs panaches. On part, et soudain recommence la course frénétique sur les rails.

Voici Usküb. C’est à peine si l’on ralentit sur les voies enchevêtrées ! En avant !… en avant !… voici bientôt à droite Koumanova, et à gauche, presque en face, Lopat.

Des colonnes de fumée s’élèvent dans les airs. Des gerbes de flammes surgissent. Le vali fait débarquer les chevaux !

« En selle et au galop ! »

Des cris de rage, des hurlements de douleur se mêlent. Des gens effarés, sanglants, cherchent à s’en-