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la terreur en macédoine

« Tous les villages occupés militairement… des troupes à pied et à cheval… de là, rayonner partout… des patrouilles mobiles pour visiter chaque maison… caves, greniers, étables, granges… tout…

« En outre, la loi martiale appliquée aux suspects… la fusillade sommaire pour tous, jeunes, vieux, petits ou grands… hommes et femmes !…

« Chaque jour des rapports détaillés… d’autres instructions suivront, c’est compris ! Oui ! Parfait. Rejoignez vos troupes respectives… et en route ! »

Colonels et commandants s’élancent vers leurs casernes et se mettent à la tête de leurs contingents. Les trompettes et les clairons vibrent, les tambours battent…

« En avant !… Marche !… »

Une heure s’est écoulée depuis le retour du vali.

Régiments, escadrons et compagnies quittent la ville, et bientôt se divisent. Des fractions s’en vont au chemin de fer, d’autres prennent les routes, d’autres prennent les sentiers. Tout disparaît dans un hérissement de baïonnettes, dans un roulement cadencé de sabots, et Marko, enfin déridé, se frotte les mains en grondant :

« Ah ! la revanche !… la revanche ! »

Il y a à peine deux heures qu’il fuyait humilié, bafoué, de Koumanova, et déjà il a mis sur pied une véritable armée !

Pour un Oriental, Marko ne s’endort pas. Mais, aussi, pour lui le temps est plus que de l’argent. C’est la vengeance ! Aussi, comme il voudrait accompagner chaque détachement, se dépenser en activité, alimenter sa haine dans la répression sauvage, et, en vrai bandit, se vautrer dans le sang !