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la terreur en macédoine

à peine si l’on remarque le geste, si l’on soupçonne la chute des terribles engins.

Rien ! l’explosion libératrice ne se produit pas.

« Raté ! s’écrie Michel avec un horrible serrement de cœur.

— Fusées mal réglées, dit froidement Joannès… fabrication trop rapide… matières premières défectueuses…

« Aux fusils !… aux revolvers… feu !… feu partout !… »

Cinq coups de carabine, vingt-cinq coups de revolver éclatent à la file… on ne s’entend plus dans le fracas des détonations… on ne se voit plus dans le nuage de poudre.

Les armes sont vides.

« Recommençons ! » crie Joannès en empoignant une autre bombe.

En bas, les clameurs redoublent, mêlées à des hurlements de joie. Quelques pierres viennent de s’arracher à une encoignure. La brèche est commencée.

La bombe s’échappe et tombe au milieu de ces faces crispées, hideuses sous la lueur sanglante des flammes.

Ô bonheur ! l’explosion retentit, assourdissante. Chose étrange, une seconde lui succède, puis une troisième. Trois colonnes de fumée blanche surgissent et montent au milieu d’un désarroi inouï.

« C’est la revanche ! hurle Michel.

— Allah nous devait bien cela ! dit gravement Mourad, pendant que les deux femmes terrifiées contemplent les ravages affreux des projectiles.

— La troisième bombe a fait éclater les autres par influence ! » s’écrie Joannès radieux.