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la terreur en macédoine

Au fond, il n’est pas rassuré. Ah ! cette formidable riposte de Joannès !

Il songe :

« Ce n’est pas de la poudre !… non, jamais la poudre ne produirait de tels ravages !

« Alors quoi ?… des bombes chargées à la dynamite ?… oui, sans doute !… S’ils en ont une provision, nous ne les prendrons jamais.

« Il n’y a plus que le canon pour les réduire !

« Eh bien, soit !… va pour le canon !

« Je vais télégraphier à Prichtina d’envoyer deux pièces… Avec un train spécial, je les aurai au petit jour. »

Pendant qu’il monologue ainsi, la foule se rue aveuglément à un nouvel assaut, il y a là plus de cinq cents frénétiques tenus en échec par quatre hommes et deux femmes, et chacun veut en finir.

De nouveau tonnent les martinis et les balles creusent dans la foule quelques brèches sanglantes. Mais la folie a envahi tous ces cerveaux d’ordinaire si calmes. Nul ne fait attention au voisin qui tombe. On enjambe un corps, la foule passe et la vague humaine déferle avec furie.

D’aucuns se sont munis de pics et de barres de fer. Ils attaquent, sous les balles, les murailles. Ils essayent d’arracher quelques pierres, de commencer la brèche, d’ouvrir une plaie mortelle au flanc de la redoute.

« À nous, Michel ! crie Joannès ; il est temps.

— Oui, chef ! tapons dans le tas… ça me va ! »

Ils saisissent chacun une bombe, passent la ficelle à leur poignet et détendent leur bras. Les deux projectiles tombent au plus dru, en même temps. Mais c’est