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la terreur en macédoine

Du côté de la maison voisine, le péril est plus effrayant encore. Sur la terrasse hurlent et s’agitent plus de quarante hommes. On les voit, comme en plein jour, sous la lumière crue de l’incendie qui dévore l’église.

Ils brandissent des échelles, puis les couchent pour relier, comme avec des ponts volants, les deux terrasses.

« Les oranges ? » demande Michel en ponctuant d’un coup de carabine ces deux mots.

— Oui ! » gronde Joannès.

Il s’élance vers l’escalier, disparaît une seconde sous la voûte, et revient, portant un couffin de sparterie.

« Ouf ! dit Michel, gare la casse ! »

Le couffin, très lourd, s’ouvre de lui-même et reste béant. Il est plein de masses rondes, grosses comme la tête d’un enfant, et pourvues chacune d’une boucle en ficelle.

Rien, d’ailleurs, qui ressemble moins aux fruits d’or des pays du soleil. Sinon comme forme. C’est une sphère irrégulière en métal et qui paraît formée de deux pièces martelées puis réunies au moyen d’une soudure ou de rivets. Probablement de la tôle épaisse.

Il y en a une quinzaine, et les patriotes les regardent avec une satisfaction mêlée d’une sorte d’effroi.

Mais les moments sont précieux et les gestes rapides.

Joannès saisit à pleines mains une des sphères, et passe autour de son poignet la boucle de chanvre. Bravant les carabines braquées sur lui, superbe,