Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
177
la terreur en macédoine

« Voilà ton sauveur et celui de l’enfant. »

Elle saisit la main du jeune homme, la serre entre les siennes et balbutie, à travers ses larmes :

« Oh ! oui, je te reconnais… c’est bien toi que j’ai vu au milieu des flammes… des coups de feu… dans l’horreur du meurtre…

« J’étais folle… folle de terreur… ils avaient massacré notre père… puis notre frère… puis le mari de ma sœur… là… sous nos yeux… entre nos bras… Blessée à mort, ma sœur m’entraîne sur la terrasse… elle emporte, agonisante, son enfant… notre petit Paul… elle tombe morte !… elle !… ma sœur… ma seconde mère… mon amour… oh !… c’est trop de douleurs…

« Et sans toi, frère… j’allais être égorgée à mon tour… avec ce cher petit être…

« Oh ! frère !… frère… sois béni !… »

Et Michel, dont la confusion augmente, répond, attendri :

« Le chef l’a dit : c’est le devoir de sauver ceux de notre race et de notre foi !

— Ton nom ?

— Michel !

— Moi, je m’appelle Hélène…

«… Désormais je suis seule au monde… sans famille… sans appui… sans ressources… avec ce petit orphelin.

— L’enfant sera le nôtre, dit doucement Nikéa… et toi, tu seras notre sœur… Va, ne crains rien et espère…

— Qui êtes-vous donc, ô vous qui me tendez les bras, qui m’ouvrez votre cœur… après m’avoir arrachée à la mort ?