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la terreur en macédoine

Quatre à quatre ils franchissent l’escalier. Les voilà sur la terrasse, accroupis derrière le rempart, l’œil au-dessus de la crête, comme des soldats à la tranchée.

Les assassins, brandissant l’affreuse loque rouge, accourent en montrant la maison silencieuse. C’est l’attaque inévitable.

« Attention ! dit Joannès en surveillant leurs mouvements. Nikéa, mon enfant, et toi, Panitza, chargez les armes… vous nous les passerez au fur et à mesure.

« À moi ce monstre qui marche en tête… »

Il épaule son martini, vise trois secondes, presse la détente.

Au fracas de l’arme, le hideux porte-étendard s’abat, une balle en plein front.

On sait le reste. La fusillade, la mort fauchant les assassins, le commencement de la revanche, le groupe en désarroi, l’arrivée de Marko qui rallie ses bandits, la promesse de nouveaux supplices après le sac de la maison défendue par les intrépides patriotes.

Alors le vali reconnaît Joannès ! Oui, Joannès dont le nom jaillit de sa gorge avec une fureur mêlée d’une crainte superstitieuse.

« Joannès !… toi… maudit !…

— Oui, moi !

« Il y a des morts qui sont bien vivants… je suis de ceux-là… et je te le prouve…

— Oh ! je t’arracherai de dessus les os la chair par lambeaux. »

Le jeune homme éclate de rire, se baisse et disparaît, en ripostant :

« Nous verrons bien !